Bruno Le Maire avait, dès cet été, marqué son opposition au lancement, en Europe, du projet Libra, la crytomonnaie portée par Facebook et une vingtaine d’autres partenaires dont Iliad, la maison mère de Free. Une cryptomonnaie, dite « stable », car sa valeur dépendra d’un panier de devises, elles-mêmes reconnues pour être peu sujettes aux fluctuations (Dollar, Euro, Livre Sterling…). Mais voilà, à en croire une récente déclaration commune du Conseil et de la Commission de l’Union européenne, les autorités européennes semblent partager les mêmes craintes que le ministre français de l’Économie. Sans jamais citer le Libra, elles rappellent que les « stablecoins » posent « des défis et des risques multiformes liés par exemple, à la protection des consommateurs, à la vie privée, à la fiscalité, à la cybersécurité et à la résilience opérationnelle, au blanchiment d’argent, au financement du terrorisme, à l’intégrité du marché, à la gouvernance et à la sécurité juridique ». Avant d’ajouter que lorsqu’un tel projet atteint une échelle mondiale, ce qui est le cas du Libra, « ces préoccupations sont susceptibles d’être amplifiées et de nouveaux risques potentiels pour la souveraineté monétaire, la politique monétaire, la sécurité et l’efficacité des systèmes de paiement, la stabilité financière et une concurrence loyale peuvent survenir ».
Un report sine dieSi l’intérêt des crytomonnaies stables, notamment pour faciliter les paiements transfrontaliers, a été clairement identifié, le Conseil et la Commission souhaitent que l’adoption des accords internationaux qui permettrait l’utilisation de ces « stablecoins » soit reportée. Du moins, précise la déclaration commune, « tant que les défis et les risques juridiques, règlementaires et de contrôle n’auront pas été correctement identifiés et traités ». Dans ces conditions, pas sûr que le Libra, que ses promoteurs entendent proposer dès 2020 ou 2021, ait droit de cité dans la vieille Europe.